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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 06:57
Toute la troupe des Ailes du théâtre lors de leur 6 e représentation du « Cid » à Sainte-Marie-de-Campan / Photo Roseline Giusti.

Toute la troupe des Ailes du théâtre lors de leur 6 e représentation du « Cid » à Sainte-Marie-de-Campan / Photo Roseline Giusti.

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Viva «El Cid», olé

Publié le 17/08/2015 à 03:51

Les Ailes du théâtre

C'est bien «Le Cid» qu'on joue ce soir ? À entendre tous ces airs de fête, à voir sur scène des jeunes gens fort gais, on s'interroge. Plutôt une «feria» non ? Pourtant, de fameuses tirades titillent nos mémoires d'écolier, où le sens du devoir, l'honneur, la vengeance, le recours aux armes et le sang qui coule évoquent plus un drame qu'une réjouissance. C'est oublier que le grand Corneille lui-même fait commencer cette pièce baroque dans la fête d'un mariage annoncé et prévoit une issue heureuse. Une ambiguïté que les metteurs en scène ont retenue, exploitant avec talent et humour cette hésitation entre comédie et tragédie. Construite sur un chassé-croisé habile entre modernité d'aujourd'hui et XVIIe siècle, toute la pièce oscille entre rires et larmes, sans nuire à leurs effets respectifs, pour le plus grand bonheur du spectateur. Ainsi, sur les gradins en fond de scène, une troupe de joyeux drôles commente «grave» ce qu'ils viennent de voir, sollicitant internet ou les horoscopes, avec la désinvolture propre à leur âge. C'est succulent ! Tandis que, tour à tour, sur l'arène centrale s'amorce une corrida (on a aimé le superbe masque de taureau), s'entrechoquent les épées ou se lamente Chimène. «Le monde entier est un théâtre …» rappelait tout à l'heure, depuis les gradins, un acteur citant Shakespeare. De quelle jolie façon ce Cid est mis en scène ! Les comédiens ont une diction parfaite, un jeu scénique ajusté; les éclairages sont convaincants, les danses gracieuses, la flûte piccolo et tout l'orchestre subtils, les chanteurs émouvants. Sept représentations entre Payolle et Bagnères ont conquis le public, faisant salles combles. Une telle aventure n'était pas sans risques. Le pari est réussi. Félicitations à toute la troupe des Ailes du théâtre, à Jean-François Rabaud et à sa talentueuse équipe, aux musiciens et aux bénévoles, toujours si précieux. La pièce pressentie pour l'été prochain n'est pas en reste. Attendez-vous à un beau morceau.

Roseline Giusti

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