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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 18:41

ORGANIQUES ET SENSUELLES, DES COUPES AU JARDIN

 

Coupes monumentales que nul  bord ne vient clore, les dernières créations de Vincent Bécheau  et Marie-Laure Bourgeois,designers installés en Dordogne, évoquent au premier abord les exquises épures de Mies van der Rohe pour ses projets de chaises longues ou  quelques belles pièces scandinaves en bois blond ,ou encore ces sièges à bascule dits "dondolo", terme italien à la sonorité si mimétique.

En fait, les premières formes jaillies du crayon  sont issues de l'observation des postures du corps en mouvement , de la danse. Puis c'est la technique même de fabrication qui a guidé le geste. Geste qui n'a pas modelé mais plié en courbes et contre-courbes une glaise épaisse, passée au laminoir, et livrée en ruban continu  – celui-là même qu'on coupe pour faire des tuiles ou des carreaux. 

Ce geste artisanal dans un système de production industrielle, a été facilité par le mode de travail de l'entreprise où ces oeuvres ont été réalisées, la société périgourdine Art et Sol (1) qui a pour louable habitude d'ouvrir au créateurs ses infrastructures.

Supports plus que récipients,  ces formes en torsion –tel un siège de F. Gehry- bousculent les usages en vigueur dans les arts de la table et cassent l'éternelle dialectique entre le contenant et le contenu, le dedans et le dehors.

L'ensemble de la série –une vingtaine de pièces- constitue un alphabet inédit qui fonctionne comme une installation .

Au jardin comme à l'intérieur.

 

Roseline Giusti

Paru dans Le Festin

 

(1) Art et Sol est aussi fournisseur des Monuments historiques.

Route de Mussidan 24130 Le Fleix tel : 05 53 24 93 55

 

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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 18:37

VINCENT BECHEAU, MARIE-LAURE BOURGEOIS, designers.


Vincent Bécheau et Marie-Laure Bourgeois, designers, sont installés à Saint-Géraut de Corps, en Dordogne. Depuis 1982, ils conçoivent des objets, du mobilier urbain et aménagent des espaces publics. Lauréats  de nombreux concours, ils développent également une recherche personnelle, portant matériaux et techniques dans des domaines inexplorés.

Si leurs partenaires sont nationaux et internationaux, ils ne renient pas leur appartenance au terroir. Ils viennent de réaliser, à MONTPON-MENESTEROL, une "exposition de proximité" –rétrospective de près de quinze ans de travail-/ pour se faire mieux connaître des habitants de leur commune et des villages avoisinants.

 

"LOUISES" VIRTUELLES

Au salon du meuble, à Paris, en janvier dernier (1),  Vincent Bécheau et Marie-Laure Bourgeois ont présenté deux de leurs dernières productions : un semainier et une chaise dont les motifs décoratifs ont été fixés par impression numérique.

Le procédé est d'actualité, l'effet surprenant.

Une commode à perruques et un cabriolet Louis XV, appartenant aux collections du Musée des Arts Décoratifs de Bordeaux, ont servi de point de départ. Sur des structures contemporaines, -dites "Louises"-, reprenant le gabarit des meubles XVIII ième, mais épuré, l'image des originaux a été reportée, à partir d'une photographie.  Le semainier a été imprimé sur toutes ses faces, le siège, au recto et au verso de son dossier. Les éléments du décor ont été retravaillés en aplats et remis d'équerre. Pour le fauteuil, ils se sont même enrichis de quelques détails, absents de la tapisserie d'origine. Des scènes érotiques, en effet,  sont disséminées, ça et là, de façon discrète,  pour le plus grand bonheur de l'amateur attentif.

Ces pièces constituent l'aboutissement d'une recherche engagée, de 1994 à 1997, avec la série Ozone. Le procédé consistait à exposer à un rayonnement lumineux intense, les parois d'un meuble, préalablement recouvertes de caches formant motif. Sous l'effet des UV, le bois fonçait prématurément, révélant les figures en réserve. Mais les décors s'altéraient rapidement

à l'air. Pour garder la trace du temps et de la mémoire, la technique numérique (2) s'avère aujourd'hui plus fiable.

Du mobilier de style, ils gardent l'esprit,  remodèlent la forme,  pervertissent l'image. Personne n'est dupe. Certes l'emprunt est avoué, la référence précise, mais la transposition est sans ambiguïté. Ce qui leur importe, c'est l'insertion du meuble d'aujourd'hui dans la continuité historique, dans une généalogie.  Ils récusent toute démarche de rupture et se moquent, à  l'évidence, de ne pouvoir briller au panthéon des avant-gardistes,  Pour eux, l'ornement n'a jamais été un crime et leur modernité, en travaillant des formes que d'aucuns taxeraient d'has been, se situe au-delà des modèles convenus, quitte à provoquer un peu.

 

SAVOIR-FAIRE CONTRE INNOVATION

Dans le cadre du projet "Design en Lorraine", actuellement en cours (3),  V. Bécheau et M.-L. Bourgeois viennent de concevoir un nouveau modèle de chaise destinée à l'hôtellerie. L'entreprise Delaroux s'est laissée convaincre par leur proposition : un système de dossier -en forme de médaillon- et d'assise interchangeable, dispositif novateur qui bouscule un peu les pratiques ancestrales de la firme.

 

(1) dans le cadre d'un appel permanent du VIA (Valorisation pour l'innovation dans  l'ameublement, Paris)  qui a financé les  prototypes, à des fins d'exposition en France et à l'étranger. 

(2) Atelier numérique SAM, à Bordeaux.

(3) également à l'initiative du VIA, le projet consistait à mettre en relation designers et fabricants de meubles lorrains.

 

 

Dans leur relation professionnelle,  les designers multiplient les contacts avec les fabricants, et envisagent la collaboration sur le mode de l'échange. "Nous leur apportons un regard plus

"contemporain", nous bénéficions, en retour, de leur maîtrise technique séculaire. Il y a quinze ans, on n'aurait pas apprécié à sa juste valeur les savoirs-faire de ces entreprises et on n' aurait pas su les conjuguer à notre désir de faire évoluer les formes" dit Vincent Bécheau.

 

PROSPECTIVE.

La réponse aux commandes n'oblitère pas le travail d'expérimentation, nourriture secrète indispensable. Ainsi, M.-L. Bourgeois se livre-t-elle à un véritable "élevage" de matières diverses, attentive à leurs performances, mais surtout à leur vieillissement. On peut voir dans leur atelier des objets "mutants" associant par exemple de vrais cheveux et des matériaux plastiques, des formes travaillées à la colle néoprène, proche de la texture d'un boyau organique, gommant à l'œil toute limite entre naturel et artificiel.

Ils engrangent ces expériences, sachant qu'il est trop tôt pour leur donner une application immédiate.

L'occasion se présente parfois de donner corps à l'une ou l'autre de ces recherches. Ainsi, Nestor Perkal, directeur du Centre de recherche sur les arts du feu et de la terre (Craft), à Limoges, vient-il de les solliciter. La réponse est originale : faire sortir la porcelaine de l'art de la table, la délivrer de ses fonctions domestiques serviles (bidet, radiateur, douilles électriques…) et restaurer son image.

Parmi les trois projets retenus, -deux meubles de rangement et un mât avec coupelles-, la pièce "Jeu n°1" est techniquement la  plus audacieuse. Des barres de bois de padouk sont juxtaposées, à part égale,  à des lames de porcelaine extrudées, dans un jeu de rayures en alternance, formant structure autant que décor. A son faîte, le plateau, amovible, est si parfaitement ajusté au corps du meuble qu'il n'y paraît pas au premier regard. (La version Jeu n°2  propose une coupe-vase également détachable). Enfin, pratique coutumière chez ces artistes ( meubles de la série Ozone, semainier Louise), les parois intérieures stratifiées, révèlent secrètement un jaune vif bruissant.

 

Raffiné, ménageant surprises et découvertes, le travail de V. Bécheau et M.-L. Bourgeois se dévoile toujours de façon discrète et mesurée, comblant l'usager,  pour peu qu'il entre dans cette "initiation".

Un dernier exemple :  les extraits de poèmes en braille, "cloutés" aux flancs de certains sièges de la médiathèque de Pessac.

 

Roseline Giusti

Paru dans Le Festin

 

 

 

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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 18:34

JARDINS D'ECOLE


"Sur notre enfance pèse l'infinie laideur des salles d'école", écrivait le designer belge Henry Van de Velde, au début du XXème siècle. Si aujourd'hui la plupart des bâtiments scolaires ont fait peau neuve, les espaces de récréation ressemblent encore trop à des cours de caserne. Les adolescents vivent mal cet anonymat. La récré, c'est le temps des échanges par petits groupes, des retrouvailles pour les nouvelles du jour ou quelques persiflages.

 

Aussi le designer Nestor Perkal a-t-il dessiné pour ces no man's lands ingrats des cabanes en bois de châtaignier,  suffisamment closes pour donne un sentiment d'intimité, mais pas trop fermées tout de même pour ne pas gêner la suveillance. Des bancs de granit y sont ménagés et permettent de s'y asseoir à plusieurs dans différentes positions. La structure métallique est recouverte d'éléments de palissade en bois brut, fixés de manière aléatoire…de vraies cabanes. On peut même, sur certaines parois, faire des graffiti en toute licence.  Succès. L'appropriation par les adolescents est immédiate et les enseignants sont séduits.

 

Le projet est né de la demande de la Chambre des Métiers du Limousin : une étude sur le mobilier de jardin valorisant matériaux et savoir-faire régionaux.. Cible proposée par N. Perkal  : l'école, où les besoins lui paraissent urgents. L'enquête réalisée auprès des collégiens et lycéens et l'auscultation de leurs pratiques spécifiques lui ont donné raison.

 

Nestor Perkal, designer international reconnu et directeur, entre autres, du CRAFT (centre des arts du feu et de la terre) à Limoges, a toujours été fasciné par l'habitacle. Jeune architecte, en Argentine, n'avait-il pas déjà construit son atelier sur la terrasse de la maison de ses parents ? Premier abri, vraiment à lui, par lequel il renouait avec une pratique ancestrale : la cabane primitive.

 

Récurrente chez presque tous les peuples de tous les temps, l'utilisation de cette construction dépasse, selon  l'historien J.Ryckwert (1),  les seuls besoins d'usage : "Si je dois doter Adam d'une maison en paradis, c'est moins  pour échapper aux intempéries, dit-il, que pour  créer un volume qu'il puisse interpréter en fonction de son propre corps…."

 

Au-delà d'un lieu de rencontre, c'est bien ce qu'offre aux adolescents  N. Perkal, un espace

aux saveurs d'éternité qu'on s'approprie, comme le dit  Ryckwert, "pour tenter de régénérer les faits et gestes quotidiens".

 

Plusieurs cabanes ont déjà vu le jour dans des établissements scolaires; l'une d'elle va être installée au centre de design du Grand Hornu en Belgique.

 

R. Giusti.

 

(1) J. Ryckwert, La maison d'Adam au paradis, Seuil, 1976.

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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 18:31

SYLVAIN DUBUISSON, architecte-designer.

 

A l’occasion des soixante ans de Sylvain Dubuisson, le Musée des Arts Décoratifs de Bordeaux propose un regard sur le parcours de ce créateur aux réalisations en tous points remarquables.  Projets, dessins, pièces uniques et objets d’édition éclairent une démarche singulière. Une même justesse empreint ses constructions (chai à Haut-Selve dans les Graves girondines en 1997, -classé au nombre des cent bâtiments de ce type les plus beaux du monde (1)- ;centre d’hébergement de la Croix Rouge, Paris, 1998), ses scénographies d’exposition (Pavillon de la France à Aïchi, 2004 ; Printemps de Cahors, 1997), ses aménagements mobilier (Musée des Beaux-Arts à Dijon, 2002 ; Château de Versailles, 1999 ; Bureau du Ministre de la Culture,1991) et ses conceptions d’objets (Miroir Tao, 2005;couverts en acier pour Guy Degrenne, 2002 ;service à thé pour Rosenthal, 1996), pour ne citer que quelques exemples.

La saveur des croquis, l’ingéniosité des solutions proposées, l’élégance des formes, la perspicacité de la réflexion font que l’œuvre est accomplie.

S’il ne néglige pas l’ordinateur, sa pratique systématique de l’esquisse sur feuille quadrillée à la manière du Viennois Josef Hoffmann (2), et les nombreuses annotations conjointes aboutissent à des exécutions d’une grande rigueur. « Lettera amorosa » de 1988 citant René Char-, et, de façon générale, le recours à l’écrit comme mode de questionnement donnent une dimension supplémentaire au travail

S. Dubuisson livre aussi quelques réussites en matière de lumière. Depuis l’exquise  lampe « Beaucoup de bruit pour rien » de 1984, la lampe Tetractys de 1985,  jusqu’au mobilier d’éclairage public pour la ville de Paris en  1998 et le chantier du Mont Saint-Michel en 2002.

Formé également aux modes de travail belges et anglais, il dépasse le modèle français et emprunte autant aux savoir-faire de l’artisan et de l’architecte qu’aux technologies de pointe de l’ingénieur.

L’exposition mise en scène par ses soins permet de mesurer avec quelle aisance il passe de l’objet à l’architecture et du profane au sacré (tabernacle et chapelle à Notre-Dame de Paris, 2004; mobilier liturgique à Saint-Louis-des-Français, Rome, 2002 ; calice et ciboire pour le  pape Jean-Paul II, lors des Journées mondiales de la jeunesse, Paris, 1997).

 

Les quelques 250 pièces exposées rendent un bel hommage  à ce talentueux créateur, natif de Bordeaux.

 

Roseline Giusti-Wiedemann

 

(1) cf Le Festin n°

(2) 1870-1956, une des grandes figures de la Sécession viennoise.

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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 17:14

Fine chaise
en bois
d’érable,
élégant bureau
en marbre et bois de placage,
longiligne vase en verre, soufflé
bouche, les pièces de Vincent
Poujardieu font toutes appel aux
ressources territoriales. Italien
du nord, il aurait choisi de
réaliser des meubles en
plastiques injectés. Aquitain, il a
recours par principe à des savoirfaire
ancrés dans la région de
longue date. La plupart de ses
créations sont en effet réalisables
par des fabricants de produits
traditionnels.
Assemblée à l’aide de la
technique courante dite à tenons
et mortaises, sa chaise en bois
d’érable – aujourd’hui encore à
l’état de prototype et donc libre à
l’édition – peut être fabriquée
sans difficultés par l’une ou
l’autre firme d’Hagetmau1. Plus
que sur la mise en oeuvre, l’effort
du designer s’est porté ici sur la
ligne et les proportions de l’objet
qu’il redessine pour en faire un
siège porteur d’une esthétique
contemporaine. L’étonnant
dossier aux lames désolidarisées
en témoigne.
Il choisit souvent d’exécuter des
pièces en séries limitées,
numérotées, pour les doter de
plus de qualité et d’originalité.
Sa table et son bureau au
piètement en marbre de Gan2,
soigneusement élaborés, sont des
pièces de collection recherchées.
Toutefois, aux vertus des
matériaux naturels, le designer
allie habilement, si besoin, des
technologies de pointe. Pour le
plateau du bureau, projeté en
porte-à-faux dans l’espace, le
bois a été renforcé par un tissu
carbone3 qui en assure la
stabilité.
Ce qui frappe chez ce
créateur, c’est la
connaissance précise
de la particularité des
matières qu’il utilise,
propriétés d’un bois,
résistance d’un verre,
traitement de surface des
marbres (sablé, flammé, poli…).
Travaillant directement avec les
fabricants, les produits qu’il crée
sont justes et bien ciblés. Ses
fournisseurs – petites et
moyennes sociétés – sont des
gens d’exception, des chercheurs,
animés d’un esprit innovant et
d’expérimentation qui,
s’appuyant sur une réelle culture
d’entreprise, sont capables de
prendre des risques et de se
positionner sur le marché du
design. Ainsi, Vincent Poujardieu
est-il accompagné techniquement
dans le défi qu’il jette
obstinément
aux structures et aux matériaux,
jouant sur la tension, les jeux
d’équilibre et les contrastes
réactifs.
+Roseline Giusti-Wiedemann,
professeur associé à l’université de
Bordeaux 3


Notes 1. Ville des Landes réputée pour ses
industries du meuble, des chaises
notamment.
2. Près de Pau, dans les Pyrénées-
Atlantiques (Établissements Tanner).
3. Mis au point par Natec industrie, au Pian
Médoc.
Travaillant en étroite collaboration avec des
entreprises régionales, le designer aquitain
Vincent Poujardieu signe des pièces en série limitée,
jeux d’équilibre entre savoir-faire et innovation.
30 Paru dans la revue Le Festin n°56• le festin #56 •
Actualités artisanat

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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 15:46

A l'occasion des designer's days, Euro-shelter dévoile, le 12 juin 2009, chez Artcurial le fruit de sa collaboration avec Vincent Poujardieu en matière de design. 


Vincent Poujardieu aime se jeter des défis. Le principe constructif de son mobilier exigeait un matériau particulièrement performant. Avec la société Euro-Shelter, le designer a trouvé le partenaire idéal. Bénéficiant de longues années d’expérience, à l’origine dans le domaine militaire, puis étendue à celui de l’architecture et du design, ce concepteur-fabricant ne pouvait lui offrir meilleur matériau que les structures nid d’abeille aluminium aux performances inouïes. Pour ce faire, Euro-Shelter a mis au service du designer ses savoir-faire spécifiques issus de la technologie aéronautique. Le résultat est aujourd’hui probant avec ces deux pièces d’exception, contribuant à l’avènement d’un luxe contemporain. Euro-Shelter est, en effet, une des rares sociétés actuelles à avoir la capacité d’ouvrir au secteur de l’habitat et du mobilier ces technologies hors du commun.

D’aucuns se demanderont ce qui motive fort des créateurs comme Vincent Poujardieu à jeter dans l’espace de telles structures, au porte à faux audacieux. C’est que le designer, au goût affirmé pour les jeux d’équilibre, poussant la tension et les matériaux aux limites du possible, a trouvé chez Euro-Shelter la volonté et la capacité de porter ce projet à son apogée.

Une table qui zigzague sans coup férir sur son socle en ellipse ; à ses côtés une étagère dans le même matériau. Voici les dernières productions de Vincent Poujardieu, toutes d’aluminium.  

Certes, Gerrit Rietveld, un des tenants du mouvement De Stijl, avait produit par la suite, en 1934, une chaise de forme similaire, mais aux caractéristiques bien différentes puisqu’il oeuvrait avec du bois. Dans le sillage du précurseur hollandais et en hommage à celui-ci, Vincent Poujardieu donne, de la forme en Z – pour une table cette fois- une version contemporaine intelligente, sobre, chic, et légère à souhait. Le secret d’une telle performance réside dans le fait d’avoir su exploiter à son maximum les qualités spécifiques du matériau constitutif : du panneau alvéolaire consistant à prendre en sandwich entre deux feuilles d’aluminium une structure nid d’abeille. Résistance à la flexion et légèreté incomparables sont ainsi garanties. La forme désirée peut alors être obtenue par simple pliage d’un seul et même panneau. Hautement industriel, ce panneau alvéolaire sert à construire des shelters destinés à accueillir par exemple des unités de santé mobile, à fournir des abris techniques et des conteneurs ou encore des outils pour l’aéronautique. Tous produits dont la Sté Euro-Shelter s’est fait depuis longtemps une spécificité. Là où cette dynamique entreprise rennaise se démarque, c’est qu’elle est une des rares à avoir su mettre ses technologies de pointe au service des architectes et des designers et à faire en sorte que ce matériau très technique s’immerge sans fracas dans l’habitat, apportant de nouvelles donnes. Ce n’est pas un hasard si l’architecte Didier Fuiza Faustino a demandé à Euro-Shelter de construire l’étonnant espace de projection nomade H-box pour Hermès, installé en 2007 dans le Centre Georges Pompidou et dont on garde la mémoire. A cette occasion,  Euro-Shelter a montré au monde de l’architecture et du design ses grandes capacités d’ouverture. D’autres designers de renom ont depuis recours au savoir-faire de cette Société très en prise sur les innovations du futur.

L’étagère Vacuum qui accompagne la table traduit la même volonté de recherche d’un jeu avec l’espace, intensifié par l’utilisation du porte à faux. A vrai dire, c’est un caractère de l’écriture japonaise qui a servi d’inspiration au designer. D’où cet effet de suspension des éléments dans le vide, tel le pinceau du calligraphe au-dessus de la page. Cette fois, le montage requiert une imbrication ingénieuse des pièces entre elles. Le matériau, le même que pour la table, répond avantageusement aux attentes. Rigidité et résistance mécanique des éléments porteurs assurent la fonctionnalité du meuble, tout en lui gardant ses lignes élancées.

A l’occasion des Designer’s Days, Artcurial présente ces deux modèles d’exception qui contribuent avantageusement à la recherche d’un luxe contemporain. 

Roseline Giusti-Wiedemann
Historienne du design


A propos d'Euro-Shelter

Euro-Shelter, implantée à Rennes et filiale du groupe Nexter, conçoit et fabrique des abris (shelters) tactiques et de communication, des systèmes logistiques mobiles ainsi que des systèmes de santé mobile. Euro-Shelter fournit les forces armées françaises et étrangères ainsi que des donneurs d'ordres civils. Aujourd'hui Euro-Shelter poursuit la diversification de ses activités en proposant ses technologies de structures sandwiches composites sur de nouveaux domaines hors défense comme l'aéronautique, le spatial, l'architecture, le design …
http://www.euro-shelter.com/

Contacts

Vincent Poujardieu                                          Euro-Shelter : Didier Lucas
Tél. 05 56 69 93 63                                        Tél. 02 99 01 73 12
Mob. 06 85 80 76 15                                       Mob.  06 08 75 59 80
v.poujardieu@orange.frCette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.                                      didier.lucas@euro-shelter.comCette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 13:54

Vincent Poujardieu,

bureaux mythiques

Vincent Poujardieu se plaît aux variations. Sa spectaculaire

gamme de bureaux en porte-à-faux vient de s’enrichir de

deux nouveauxmodèles, baptisés Zeus et Aile, qui allient audacieusement

matériaux et techniques artisanales à des

matières modernes comme l’inox ou les composites. À son

habitude, le designer s’est lancé des défis, entraînant dans

cette aventure fournisseurs et fabricants. La construction

de ce mobilier est assez exemplaire. Une plaque de matériau

en structiso et fibre de carbone rigidifie les grands

plateaux horizontaux avancés dans le vide. Composé de cinq

éléments entièrement démontables, chacun des deux bureaux

adopte un système spécifique de montage du plateau.

Pour le bureau Aile, le système est un emboîtement, coulissage,

sur les pieds enmarbre pyrénéen de Sainte-Anne, finement

travaillés1. Pour le bureau Zeus, il s’agit d’un serrage

au niveau des queues d’aronde. Lamise en oeuvre des pieds

du bureau Zeus – creux à l’intérieur, mais lestés – constitue

une véritable prouesse technique.

Il faut louer l’ingéniosité déployée au cours de longues

expérimentations de Jean-Thierry Saal et de son équipe en

atelier, la fonderie La Morandière au Pian-Médoc. À cela

vient s’adjoindre un jeu subtil entre les matériaux. Si le

designer recherche systématiquement les contrastes – couleur

chaude et froide, matité et brillance, lisse et grenu – , il va

jusqu’à pervertir les significations habituellement attachées

à cesmatières.Voué à lamaroquinerie de luxe, le cuir «pleine

fleur» de la Tannerie Rémy Carriat à Espelette, qui gaîne

le plateau du bureau Zeus, laisse ici affleurer la colonne vertébrale

de l’animal, vache de belle prestance. L’effet est d’autant

plus viril que les surfaces métalliques, aux arêtes

façonnées tout en rondeur et polies à l’extrême, sont des

plus sophistiquées. Quant aumarbre, cantonné dans le funéraire

ou les salles de bain, mat et associé à du stratifié,

il conquiert ici allègrement le secteur dumobilier de bureau.

Éditées en petites séries, ces pièces contribuent à la recherche

d’un luxe contemporain.

= www.poujardieu-design.fr

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10 septembre 2010 5 10 /09 /septembre /2010 13:48

E. Gallina , designer et pédagogue

Il a grandi  à Bordeaux,  travaille aujourd’hui entre Milan et Périgueux (ville dont il a dessiné le logo). Après un triple cursus professionnel (arts déco de Limoges, arts visuels à Orléans, Politecnico de Milan) et un séjour de six ans dans l’agence du célèbre designer italien Antonio Citterio, Emmanuel Gallina a désormais acquis une stature internationale, avec des clients en Chine, entre autres. Ses réalisations sont des produits industriels haut de gamme qui, marque du savoir-faire milanais, bénéficient souvent d’une finition artisanale. Sobres, élégants et de qualité, ses tables (pour Poliform) ses pendules équipées de Led (pour Fiat) ou encore son  mobilier de bureau pour Manade…ne sacrifiant pas à la mode passent les ans, hardiment. En novembre dernier E. Gallina dirigeait un workshop pour les étudiants de l’école de design bordelaise Lima. Le thème ? Des objets pour la grande distribution : le jardin, le bricolage, la cuisine, la salle de bain, la bagagerie... Imagination dopée, les apprentis-designers ont su néanmoins, se couler dans  un cahier des charges exigeant et produire, à leur grande surprise, des objets du quotidien qui n’existaient pas encore ou en améliorer d’autres. A voir sur les documents d’archives  les visages épanouis des uns et des autres et la qualité des résultats, on se dit que l’opération a été une belle réussite. C’est qu’Emmanuel Gallina est un pédagogue hors pair. Précis, doté d’un remarquable sens du détail -acuité développée chez Citterio-, il exige à la hauteur de ce qu’il donne. Beaucoup. Il transmet des savoir-faire, des techniques de pointe mais pas uniquement. Il tente aussi d’inculquer aux étudiants des stratégies propres à ce métier rendu difficile par sa situation à la croisée d’un  grand nombre de disciplines. Ainsi applique-t-il, à chaque projet, la pensée du sculpteur roumain Constantin Brancusi qu’il a érigée en règle : « La simplicité comme complexité résolue ».

R. Giusti W

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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 21:29

Le Festin, 2005

Le vin, l'audace ?

 

Quelques designers et graphistes de Gironde tentent d’insuffler du caractère à l’image
un peu figée des grands crus. Matières précieuses ou typographies chics renouvellent
en douceur la panoplie de l’amateur de Bordeaux.

 

Longtemps cantonné dans une tradition
pérenne, le monde des vins – et en particulier le
vignoble bordelais, érigé en modèle – semble
aujourd’hui, sous des poussées diverses, ouvrir une
brèche. Des tentatives isolées augurent de ce que
pourrait être dans quelques décennies le nouveau
paysage. Logotypes, étiquettes, emballages, crachoirs,
stands… sont ici et là confiés à des graphistes ou à des
designers qui remodèlent, non sans risques, des
effigies ancestrales par trop figées. Simplifier est la
règle, mais en douceur.


Poussez l’esperluette
Ainsi en est-il de « Mestrezat et domaines »,
négociant en vins, dont l’identité visuelle a été rajeunie
par l’agence Ambodexter. Un M conquérant, accolé par
l’esperluette (le &) au d, en bas de casse1, des
domaines, conforté à l’arrière-plan par le blason2,
redessiné, dont certains motifs repris en filigrane
courent sur toute la surface de l’emballage. Voilà un
compromis heureux entre modernité et tradition.
Ainsi en est-il des tonneliers Demptos et Treuil ou
du traiteur Humblot, trois logos conçus par le graphiste
Franck Tallon avec un parti pris typographique. Un D
ample, repris au monogramme d’origine de la firme,
mais retravaillé à la manière des grandes marques
françaises de luxe, suffit à identifier Demptos. Pour
Treuil, un T vigoureux, érigé comme un arbre, doublé
d’un second T, au motif triadique, qui évoque à la fois
le feu, nécessaire à la tonnellerie, et la vitalité de
l’entreprise.
Humblot est construit sur un contraste typographique
entre des caractères stricts, cousins modernes
des lointains Didot ou Bodoni à la mode à la fin du XVIIIe
siècle, et un motif dansant calligraphié. Rigueur,
dynamisme, stabilité, joints au mouvement chorégraphique
du geste, qualités requises pour un traiteur
de renom.
Le ton est plus agressif avec le logo dessiné pour
« Les Grands Crus », courtiers en vin (agence
Ambodexter). L’audace chromatique ne laisse pas
d’étonner. Entrelacs de caractères, accouplement
ternaire du noir, du rouge et du blanc-gris, « filières»
échappées du blason qui sillonnent en aplat les
documents, jeu avec les échelles des différents corps
de lettres, tout excite l’oeil.


L’éthique de l’étiquette
On sait l’impact de l’étiquette. Au supermarché, à
la cave ou sur la table, cette modeste surface
scripturale, très souvent ornée de motifs et
d’armoiries, sert de marque de reconnaissance
assurant au château sa notoriété. Liée à son double
support (bouteille et papier) et au contexte d’usage,
l’étiquette, anticipant visuellement le goût du vin,
est aussi promesse de plaisir, doublée d’une éthique
sociale de la table. Ces divers types de messages aux
rhétoriques entrecroisées compliquent l’organisationvisuelle du document.
Venue de l’estampille, magnifiée avec le développement
de l’impression lithographique, tributaire
d’une imagerie XIXe siècle dont elle n’arrive pas à se
départir, l’étiquette est restée très longtemps l’apanage
des imprimeurs3. Quelques graphistes s’ingénient
aujourd’hui à proposer des stratégies d’habillage
plus contemporaines.
S’atténuent alors les représentations figurées du
terroir, portail du château, rangée de vignes… et les
armoiries compliquées. La plupart du temps, l’accent
est mis sur le lettrage, véhicule fondamental de
communication.
Franck Tallon, par exemple, pour Gracia, a privilégié
un caractère typographique, ferme et gras, sans
empattement4, simplement redoublé par une ligne
fine, telle une ombre portée. Seule concession à la
tradition, les filets qui soulignent le nom du cru et les
angelots en vignette. Même principe pour La Rose
de By où la composition repose sur des caractères
bâtons (linéales) contrastant avec des caractères à
empattement plus classiques, confortant l’idée d’un
vin racé.
Depuis 1980, dans le sillage de Mouton Rothschild5,
le château Siran (appellation Margaux) s’est également
attaché des artistes, peintres ou illustrateurs, pour
renouveler ses étiquettes. Il se voit aujourd’hui
proposer par l’agence Captain Studio une rénovation
assez radicale pour un de ses crus, le château Saint-
Jacques. Exit la représentation vieillotte du pèlerin au
bâton, chamboulée la composition. Le nom seul du
château est conservé, mais redessiné, à la verticale,
dans une graphie aristocratique, souple, nimbée d’or.
Réponse graphique intelligente de la part de l’agence
qui, tout en ne cassant pas l’imagerie attachée aux
Médoc (lettres dessinées, présence de l’or…),
compose avec chic une étiquette qui n’a pas à rougir
à côté de styles plus ouvertement contemporains.
C’est ce savoir-faire habile qui permet à Michel
Naroyan, directeur du studio, d’enlever les décisions
des châtelains et des négociants.
Ailleurs, Naroyan s’aventure carrément dans une
recherche en dehors des codes traditionnels. Avec le
P’tit lousteau, il offre, en guise d’étiquette, un vide
circulaire, laissant entrevoir la claire robe de ce rosé.


Pour étancher les soifs d’été
Destiné à l’origine à l’exportation, Club – une cuvée
du château de Cadillac – fait une percée inattendue
sur le marché français. Identité jeune et conviviale,
vin de qualité mais abordable, bien adapté aux
nouvelles exigences de consommation. Une prise de
risque graphique de la part du studio Devezaud, bien
récompensée.
Un bon et juste rouge, qui s’est lentement élevé
jusqu’à l’excellence, l’air de rien, un rosé prometteur,
distillant des voeux pieux, comme les politiques savent
le faire, un blanc nuptial, « lunes de miel », placé
sous les auspices d’une constellation d’étoiles, trois
crus qu’un vigneron passionné et exigeant, François
des Ligneris, a fait naître dans le Saint-Émilion.
Les noms sur les étiquettes que le propriétaire a luimême
dessinées signent la philosophie du domaine :
respect d’un terroir et de ses temporalités, choix de
méthodes de vinification écologiques. Dans la nature
des choses.


Stands & crachoirs
Du côté des stands, deux propositions hardies,
chacune à leur manière.
Pour Demptos à Vinitech, en 2003, l’architecte
Fabien Pédelaborde crée un univers polysensoriel,
synthèse conjointe des étapes de fabrication du
tonneau et des savoir-faire spécifiques de cette vieille
famille de tonneliers excellant dans l’art de recevoir.
Un espace chaleureux, convivial et aromatique, ceintd’une cloison de bois cylindrique de près de dix mètres
de diamètre. L’audace réside là, dans le soin apporté
à une réalisation de très grande qualité dans un univers
technique dont ce n’est pas généralement la priorité.
À l’opposé, minimal et blanc immaculé, le stand
conçu par le studio Philippe Devezaud pour Jean-
Michel Cazes du château Lynch-Bages à Vinexpo
procède d’un autre parti, plaçant le commanditaire
dans la sphère de l’art contemporain. Un havre de
calme parmi les débauches d’or et de rouge clinquants
et convenus.
Quant aux crachoirs, trois propositions originales.
À Carignan-de-Bordeaux, Fabien Pédelaborde a
dessiné pour le pavillon de dégustation de Ginestet
un long parallélépipède en bois – du medium foncé –
habillant une cuve en zinc formant un V. Au fond,
une gorge permet de faire couler l’eau en permanence
et de chasser les odeurs résiduelles. Muni de
couvercles, ce crachoir fait aussi office de console, dans
la même unité architecturale dépouillée que le comptoir
et la vinothèque qui lui font face.
Optant pour une version individuelle, le designer
Vincent Poujardieu fait dériver son crachoir de l’aquarium.
Hygiénique autant qu’inattendu.
Le troisième exemple offre une déclinaison typique
de la démarche de
tout bon créateur. À
l’origine, Jean-Michel
Bertrand reçoit une
commande de cendrier
pour un usage collectif
dans les halls d’exposition.
Une poterie aux lignes
épurées, généralement destinée aux
jardins d’ornement, lui sert d’inspiration. Il suffit
ensuite d’aménager l’intérieur du vase pour recueillir
cendres et mégots et d’opter pour un autre matériau :
l’acier inoxydable. Première mutation. Avec une capacité
de collecte supérieure, l’objet est aussitôt décliné
en poubelle. Enfin, dernier avatar, et non des moindres,
il devient un superbe crachoir de dégustation,
de belle facture contemporaine.


Lectures spirituelles avec Umberto
Le nom du lutrin dessiné par Vincent Poujardieu
rend hommage à Umberto Eco. Avec sa jambe un peu
dégingandée et son plateau incliné, « Ce soir l’âme du
vin…»6, il pourrait bien tout droit sortir d’Au nom de
la rose7. Avec son pied en inox poli façon miroir, sa
tablette en bois d’érable naturel et la corne-vase qui
le surmonte, il est pourtant bien un objet contempo-rain. Simplement, rare de son espèce.
Excepté Vincent Dubuisson8, ce type de
meuble semble, en effet, avoir peu inspiré
les designers. Démontable, corne amovible,
Umberto séduit par son élégance, sa légèreté
et ses usages multiples. Support pour
livres de cave, pour dictionnaires des vins
et spiritueux ou pour quelques grimoires
maison consignant des assemblages de
cépages tenus secrets ; pupitre pour conférences
savantes dans des congrès vinicoles ou
sellette à usage privatif, exhibant des livres aimés
qu’on feuillette à plaisir entre convives, en goûtant un
cru estimé, ce lutrin répond à toutes ces fonctions à
la fois.
Soufflée bouche par le maître verrier Alain Guillot
– meilleur ouvrier de France 2004 –, la corne en verre
clair moucheté de blanc, repose sur un support autonome
qui en fait un vase à part entière pouvant aussi
se poser sur une table ou une cheminée.
Forme fétiche, espoirs de bonnes récoltes ou
support de sourdes rêveries. Lutrin-symbole.


L’orfèvre du vin
Le rituel du vin ne
saurait être complet sans
les accessoires indispensables
que sont la pipette, le tastevin, le dessous de
bouteille et le tire-bouchon. De ces objets fonctionnels,
l’orfèvre Roland Daraspe fait des pièces d’exception,
en argent massif. Tire-bouchon et pipette ont
la pureté d’une sculpture de Brancusi. Le dessous de
bouteille, au socle en acajou, est orné de cornaline ou
de lapis-lazuli. Les reflets de la lumière sur le tastevin
plongent le goûteur dans de profondes délices.
Sobriété et élégance des formes, majesté des matériaux,
soin apporté à l’exécution, tout élève ces objets
utilitaires au rang d’oeuvres d’art. C’est pourquoi, au
quotidien, l’usager qui utilise ces instruments les
manipule avec respect. Il se prend à raffiner chaque
geste, à cultiver la délicatesse de la prise en main
pour voir son plaisir décupler.


Des changements significatifs exigeraient toutefois
plus de culture généralisée dans le domaine du
graphisme, de l’architecture et de l’objet. De nouvelles
pratiques autour du vin et de la table pourraient bien
alors avoir raison de la sacro-sainte tradition.
B O R D E A U X , L’ A R T  D U  V I N • 17





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9 septembre 2010 4 09 /09 /septembre /2010 21:11

Publié dans Le Festin n° automne 2009

 

Suave assise

 

Elle aurait fait florès dans les dîners raffinés que Huysmans dépeint dans « A Rebours ». Lisse à la perfection, onctueuse, la chaise tout chocolat, imaginée par Vincent Poujardieu offre un glacis vertigineux le long duquel le regard concupiscent glisse et exerce sa convoitise. Ce siège revêt, en effet, une qualité d’apparence recherchée : la luisance. Confectionnée par le maître-chocolatier virtuose Sébastien Antoine, cette petite architecture suave est un modèle du genre dans le registre de la confiserie. Ne serait-ce que l’échelle -grandeur nature- qui a valu à l’artisan un déploiement de prouesses techniques. Le moule, mais plus encore la quête d’une matière adéquate pour garantir la solidité constructive. Et c’est bien cet aspect-là qui intéresse Vincent Poujardieu au plus au point. Certes, il ne déplaît pas au designer de convier la gourmandise puisqu’il envisage de décliner toute une gamme de siège de ce type aux variations des plus étonnantes. Mais cette nouvelle réalisation s’inscrit dans un projet plus vaste que le designer mène depuis plusieurs années : se colleter au plus grand nombre de matériaux et de savoir-faire possibles. Avec le chocolat pour substance, Sébastien Antoine lui donne ici une nouvelle occasion.

 

Roseline Giusti-Wiedemann

 

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