À FLEUR DE CERCLES

Quelque soixante-dix dessins figurant le cercle. Forme obsédante qui, depuis quinze ans, innerve tout le parcours artistique de Marie-Christine Schimmenti. Une forme constante, délibérément choisie, à partir de laquelle se déploie un jeu infini de variations, déclinées jour après jour.

Qu’y voir ? Une suite de captations d’instants parfois infimes, fidèlement consignés, sans faillir.  Choses vues, lues, entendues, pensées du moment, notes de lecture… Ou encore événements survenus disant les humeurs du cosmos, ses éclats, ses trépidations, ses outrances, ses affres…affectant la sensibilité de l’artiste qui absorbe et s’émeut.

Charge alors au cercle d’enserrer, retenir, ternir ou iriser, griffer, spiraler, nuer. La ronde figure fonctionne alors comme un miroir tendu. A l’artiste et au monde. Si parfois le trait, doux, embrumé, dilaté, chevelu, invite à la rêverie, si ailleurs, il s’émancipe ou bien suffoque, s’asphyxie, il devient vite agressif lorsque l’émotion déborde, l’esprit se révulse et que la hargne est à l’œuvre. La guerre en Ukraine, ses tragiques soubresauts sont venus alimenter ces séries, altérant le mode plastique. Déchirures, déchiquetages des supports, jets de peinture exaltés, grattages intempestifs, dictés par la colère, brouillages explosifs attestant de la triste réalité.

L’ensemble de ces cercles composent une fresque immense, sensible, poursuivie sans discontinuer. Une sorte de météorologie de l’âme et du monde.

Dans ce comptage du temps, cruelle horloge, la répétition trouve son sens.

Roseline Giusti, ancien professeur associé à l’université Bordeaux-Montaigne et critique d’art

Marie-Christine Schimmenti, Cercle