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17 décembre 2017 7 17 /12 /décembre /2017 22:37

Z’ont pris la navette sur le fleuve        

Z’ont bousculé les passagers       

Z’ont ouvert grand leur vareuse                                      

Z’ont tendu leur corps au vent                 

 

Z’ont hurlé par d’ssus le bastingage 

Z’ont beuglé leur férocité

 

Z’ont maté la cité bacchique   

Z’ont régalé leur gosier à ses flancs ronds

Z’ont louché à l’oblique de ses zébrures

Z’ont grogné leur contentement                               

 

Z’ont toisé le pont levant

Y z’ont dardé leur regard ivre

Z’ont corrodé ses côtes plates

Z’ont cru les ascensionner                                                                  

 

Z’ont craché dans l’eau boueuse

Z’ont attelé à ses remugles leurs enfers  

Z’ont remorqué leurs desseins torves

Z’ont vacillé

 

Z’ont traversé jusqu’à Lormont

 

Z’ont pris l’appontement pour couche

Z’ont bu tonitruants

Z’ont rendu insane leur cité intérieure

 

Z’ont colmaté de larmes leurs entailles               

Z’ont interdit les soleils levants                 

 

Z’ont feint d’embarquer sur un navire à aubes

Z’ont dérivé d’îlots en îles                        

Z’ont vu de fausses Antilles               

Z’ont miné leurs esprits

    

Z’ont injurié la houle

Z’ont terni les couchants mordorés sur le fleuve

 

Z’ont jamais reparu sur l’autre rive

 

Roseline Giusti-Wiedemann

Bordeaux, hiver  2017

 

 

    

 

 

 

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